Les architectes de la guerre irakienne occupent aujourd’hui des postes universitaires influents

Les architectes de la guerre irakienne occupent aujourd’hui des postes universitaires influents
Date : 10 avril 2025
Il y a vingt-deux ans, les États-Unis lançaient une invasion illégale en Irak. Aujourd’hui, ceux qui ont orchestré ce conflit sont confortablement installés dans des institutions académiques renommées.
Le 20 mars 2003 marquait le début d’une guerre menée sous de faux prétextes : l’existence hypothétique d’armes de destruction massive irakiennes. Cette agression a coûté la vie à des centaines de milliers d’Irakiens et déclenché une cascade de désastres humanitaires.
Aujourd’hui, les principaux responsables de cette entreprise belliqueuse occupent des postes honorifiques dans les universités américaines. Parmi eux figurent Condoleezza Rice, ancienne conseillère à la sécurité nationale et secrétaire d’État ; David Petraeus, commandant en chef lors de l’invasion puis directeur de la CIA ; ainsi que Douglas Feith, sous-secrétaire à la Défense chargé des opérations étrangères.
Ces anciens acteurs politiques sont aujourd’hui associés à des institutions prestigieuses. Rice tient une chaire de commerce mondial et d’économie à Stanford Business School ; Petraeus est professeur invité à l’université Yale et titulaire de la bourse Kissinger, tandis que Feith enseigne malgré les protestations au sein du Georgetown School of Foreign Service.
Ce phénomène n’est pas isolé. L’année dernière, deux hauts fonctionnaires de l’administration Biden, Brett McGurk et Jake Sullivan, ont accepté des postes à Harvard, la chaire occupée par Sullivan étant nommée en l’honneur du controversé Henry Kissinger.
Alors que ces universitaires cautionnent les politiques guerrières américaines, leur rôle dans le soutien de l’apartheid et du génocide israélien à Gaza est souvent passé sous silence. De nombreux établissements ont réprimé vigoureusement les étudiants qui manifestaient contre ces atrocités.
Cette situation suscite des controverses et des remises en question sur le campus, notamment au sein de groupes comme Historiens pour la paix et la démocratie (HPAD). Ces militants universitaires se battent pour défendre la liberté académique et dénoncer les complicités avec l’industrie militaire.
Leur combat trouve un écho dans l’histoire : au début des années 1970, des soulèvements étudiants avaient remis en cause le lien entre universités et complexe militaro-industriel. De Stanford à Columbia, les mouvements contestataires ont forcé des revirements.
Aujourd’hui, alors que les architectes de la guerre irakienne occupent des postes d’influence dans l’enseignement supérieur, ces universitaires se mobilisent pour dénoncer le soutien implicite apporté à la répression israélienne. Leur engagement témoigne du besoin pressant de remettre en question les liens entre institutions académiques et projets militaires.