La Corée du Sud confrontée à une crise des suicides sans précédent

La Corée du Sud confrontée à une crise des suicides sans précédent

Le suicide s’impose désormais comme la principale cause de mortalité en Corée du Sud chez les individus âgés de moins de 50 ans, un phénomène qui inquiète profondément la société. Selon les données récentes publiées par Statistics Korea, le taux de suicides a atteint des niveaux records en 2024, marquant une augmentation de 6,3 % par rapport à l’année précédente. Avec un total de 14 872 cas enregistrés, ce chiffre représente 29,1 suicides pour 100 000 habitants, le plus haut niveau depuis 2011.

Ce fléau touche particulièrement les jeunes et les adultes d’âge moyen, devenant la première cause de décès chez les personnes entre 10 et 49 ans. Même si les maladies cardiovasculaires, le cancer ou les pneumonies restent les principales causes de mortalité générale, le suicide se positionne comme la cinquième cause d’insolvabilité sociale, soulignant une crise profonde de l’équilibre psychologique et des structures sociales.

La culture coréenne, marquée par un obsession pour la réussite scolaire et professionnelle, joue un rôle clé dans cette situation. Les enfants commencent à subir une pression extrême dès leur plus jeune âge, avec des examens d’entrée en écoles prestigieuses organisés dès l’âge de 4 ou 7 ans. Une moitié des jeunes coréens est inscrite dans des cours privés pour obtenir les meilleures résultats, ce qui génère un stress constant et une fatigue chronique. Par ailleurs, le rythme de travail excessif, avec une moyenne annuelle de 1 915 heures par employé, accentue la détresse psychologique.

L’isolement et l’intransigeance sociale exacerbent encore plus ce climat de désespérance. Les troubles mentaux sont stigmatisés, empêchant les individus d’obtenir des soins adéquats. Seulement 15 % des personnes atteintes de dépression reçoivent un soutien approprié, car consulter un psychologue est perçu comme un échec personnel. De plus, la médiatisation des suicides de célébrités crée un effet domino, amplifiant le phénomène chez les jeunes.

Des figures comme Moonbin, chanteuse du groupe Astro, ou Kim Sae-ron, actrice, ont mis en lumière l’impact dévastateur d’un système ultra-compétitif et de normes sociales rigides. La Corée du Sud se retrouve ainsi piégée dans une spirale mortelle, où les individus sont poussés à la désespérance par des attentes inhumaines.