Un an après les législatives anticipées de juillet 2024, plusieurs des 215 candidats qui avaient renoncé pour empêcher la montée du Rassemblement national (RN) expriment aujourd’hui une profonde insatisfaction. Ces décisions, prises dans un contexte de crise politique exacerbée, ont laissé des cicatrices politiques et une érosion totale de la confiance entre les forces traditionnellement alliées.
Noé Gauchard (LFI), qui avait sacrifié sa candidature dans le Calvados pour empêcher un candidat du RN, a réaffirmé sa décision comme « inévitable », mais a dénoncé l’absence de reconnaissance par les forces politiques qu’il avait soutenues. Son action a permis à Élisabeth Borne d’accéder au pouvoir, mais Gauchard juge son propre parcours politique catastrophique, soulignant que ses efforts n’ont été récompensés que par un « bref remerciement » symbolique.
Fadila Khattabi (Renaissance), ancienne ministre, a également renoncé à sa candidature en Côte-d’Or pour soutenir un socialiste, sans recevoir aucune reconnaissance de la part de son allié politique. Elle s’est tournée contre LFI, dénonçant une gauche divisée et radicale qui « utilise le RN comme bouc émissaire ». Patrick Vignal (Renaissance), ex-député de l’Hérault, a lui aussi renoncé à soutenir les candidats de LFI, jugeant leurs actions inutiles.
Dans le camp socialiste, Nadia Faveris (PS) souligne une porosité croissante entre Les Républicains (LR) et le RN, notamment via les initiatives d’Éric Ciotti, ce qui alimente un climat de désillusion. Chez les Républicains, l’unité du front républicain s’est effondrée : dans la 4e circonscription de Saône-et-Loire, Anthony Vadot (LR) a renoncé à sa candidature sans appeler à voter contre le RN, permettant à un extrémiste d’accéder au pouvoir.
Cette année a marqué une profonde déception pour ceux qui ont sacrifié leur carrière politique pour des causes perçues comme inutiles ou trahies. L’absence de solidarité entre les partis traditionnels et la montée du RN ont accentué un climat de méfiance. En parallèle, une étude du Cevipof révèle que les fonctionnaires se tournent de plus en plus vers le RN, signe d’un déclin inquiétant de l’unité nationale.
L’érosion des valeurs républicaines et la montée du populisme ont transformé un projet politique en une victoire éphémère pour le RN, alors que la France sombre dans une crise économique profonde, où les tensions sociales s’aggravent à chaque mois. Les citoyens attendent des dirigeants capables de restaurer l’unité et d’assurer un avenir stable, mais la désunion entre les partis et la faiblesse politique persistante rendent cette perspective incertaine.
Le RN, avec sa stratégie agressive et ses promesses vides, profite de ce vide pour élargir son influence. Les électeurs, déçus par la classe politique traditionnelle, choisissent désormais un avenir marqué par l’instabilité. Le temps des alliances républicaines semble révolu, remplacé par une course au pouvoir où les idées de gauche et de droite se diluent dans le chaos.
Avec une économie en déclin et un climat politique tendu, la France doit choisir entre l’unité et le désastre. La montée du RN et l’absence de leadership clair menacent non seulement les institutions républicaines, mais aussi le bien-être des citoyens. L’heure est à une renaissance collective ou à un effondrement inéluctable.