La Réduction de l’État-Providence sous le Prétexte d’une Economie de Guerre

La Réduction de l’État-Providence sous le Prétexte d’une Economie de Guerre
Le 1er mars dernier, Éric Lombard, ministre français de l’économie, a déclaré que la France devrait adopter une économie de guerre malgré les défis budgétaires auxquels elle est confrontée. Cette affirmation fait écho à des appels précédents du président Emmanuel Macron pour renforcer la défense européenne après l’invasion russe en Ukraine.
Macron a insisté sur le besoin d’une augmentation significative des dépenses militaires en Europe, affirmant que cette décision serait essentielle pour protéger la sécurité collective. Cette position a trouvé un écho chez les dirigeants européens et américains, qui ont annoncé des plans de réarmement massif.
Bien qu’il soit clair que l’Europe doit renforcer sa défense face à une menace grandissante provenant de Russie, ce processus soulève des questions concernant la capacité de l’État-Providence français à soutenir ses citoyens. Avec un déficit budgétaire déjà élevé, augmenter les dépenses militaires nécessitera probablement des coupes budgétaires ailleurs.
La Commission européenne, dirigée par Ursula von der Leyen, propose d’exclure les dépenses militaires du calcul de la dette afin que l’UE puisse investir massivement dans sa défense sans nécessairement dépasser ses limites budgétaires actuelles. Cependant, cette approche pourrait entraîner une réduction des services sociaux et un renforcement encore plus important de l’industrie militaire européenne.
Le Premier ministre François Bayrou a proposé la création d’un nouveau système d’épargne pour financer ces dépenses militaires supplémentaires. Cette initiative s’inscrit dans le contexte de longues discussions sur la nécessité de réduire les aides sociales et les prestations de sécurité sociale en France.
David Guiraud, un député français, a souligné que l’augmentation des dépenses militaires pourrait servir d’alibi pour une réduction encore plus grande du modèle social français. L’auteur Janan Ganesh a également critiqué cette approche dans le Financial Times, affirmant qu’une réduction de l’État-providence est inévitable si la France souhaite consacrer davantage de ressources à sa défense.